LES CALEPINS D'OZIAS "Bruno"
#lescalepinsdozias
Bruno
Le hall de l’aéroport avait cette atmosphère impersonnelle qui m’égare souvent. Ce son réverbeux et enveloppant, reconnaissable entre mille. Me voilà dehors. Pourquoi ma seule préoccupation est-elle d’allumer une cigarette ?
Je suis censé me rendre à mon hôtel, « DOMINATION ». La conférence a lieu demain. Il fait chaud, lourd, moite. Je me sens oppressé. Pourtant Cotonou avait des airs plutôt engageants. La malédiction planait toujours, mais un coussin de prémonitions la gardait lointaine. Du moins par endroits.
Bruno apparait. Il se presse à peine. Arborant un sourire en bandoulière comme une kalachnikov encore chaude. Ce mec est vraiment jaloux de ses kilos. Toujours rond, comme s’il était enceint d’un projet séculaire.
- Alors, l’artiste ? Tu as eu un bon vol ?
Il exhalait un délicieux parfum. Habillé comme un chef d’entreprise dans sa chemise à rayures. Les manches repliées. Le trousseau de clés dans la paume. Je ne suis pas tout à fait comme lui. Moi je combats des démons vieux comme le monde.
- Tranquille. Un vol sans histoire. Mais j’ai faim.
Même pas une poignée de main, juste un check et une main sur l’épaule et on s’était tout dit. Nous avions cette proximité d’âme qui rendait nos silences éloquents. Je n’avais qu’un sac à dos, comme d’habitude.
Il conduisait avec détachement, la clim à bord m’avait apaisé un minimum. Même mes anges s’étaient détendus.
- On se fait un tchiep ? Ou tu préfères du agbéli comme d’hab ?
- C’est toi qui commandes, je te suis !
- OK donc un bon tchiep, une dose adulte. J’ai découvert un nouveau coin, c’est une copine qui m’a amené là-bas. Tu verras, c’est calme et la bouffe est juste dingue.
Place de l’amazone, palais de la marina, port autonome, l’axe est plutôt fluide à cette heure. Quelques miasmes des profondeurs créaient des tourbillons dans mon champ vibratoire. Mais un seigneur faisait régner une quiétude quintessentielle en moi.
À suivre
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