Conversation entre moustiques – part4
Partout où se
posaient les yeux globuleux de nos amis moustiques, il n’y avait que des bras
musclés, des pectoraux saillants, des mollets dodus, des sourires extrawhite et
un nuage de testostérone. La soirée promettait d’être fructueuse avec ce
rassemblement d’athlètes de tous les coins du globe.
Des coiffures
colorées et des coupes insolites à foison. Sans parler des piercings et des
tatouages. Nos deux moustiques inséparables étaient aussi de la partie,
planqués derrière les ramures d’un palmier nain.
- Putain, c’est un vrai buffet à
volonté ici. Toi qui aimes les cuisses musclées tu vas être servi. Regarde un
peu toutes ces jambes, un vrai barbecue, c’est une tuerie.
- Mon frère, je te conseille d’être
prudent. Déjà ils ont pulvérisé une merde sur les fleurs ça me donne envie de
tousser. J’ai la gorge qui me gratte et les yeux qui piquent. Pourquoi ils
insistent avec ces déchets chimiques. Depuis mon arrière-grand-père on avait
déjà trouvé médicament contre ça. Au pire un petit vertige et c’est tout.
- Je propose qu’on commence par les
mollets des gymnastes américaines. Elles sentent bon et elles ont la peau
douce. C’est pas comme les guiboles locales que le soleil a maltraité.
- Moi ce que je préfère ce sont les
écoliers, ils sont moins hargneux. Le top c’est quand ils s’endorment devant la
télé sans s’être lavé. Et même à travers la moustiquaire il y a toujours moyen
de prélever un casse-croûte. Mais franchement, t’as pas remarqué que le
réchauffement climatique agit aussi sur notre alimentation ?
- C’est clair, je suis cent pour cent
d’accord avec toi. Il y a de plus en plus de menus asiatiques et européens par
ici. C’est pas plus mal pour varier la bouffe mais ils sont quand même plus
difficiles à prélever. Certains passent même un produit dégoutant sur la peau
qui me donne envie de gerber. On ne peut plus manger tranquille.
- Eh … guette guette, une jamaïcaine,
sur ta gauche.
- Yes ... c’est un hors-d’œuvre
parfait.
S’en suit une
razzia de mets variés. Des oreilles brésiliennes, des avant-bras polonais, des
bras espagnols, des orteils marocains, et même un nombril californien. Des
menus sportifs sains avec tout de même quelques traces de produits illicites.
- Putain, tu as vu la métisse
transgénique ? Je l’ai croisé autour de mollets suédois dans l’angle là-bas.
Elle bouffe comme deux et est très rapide pour esquiver les claques. Tu as
raison elle doit être dopée.
- Elle est transgénique mon gars, c’est
une surmoustique. Une rescapée de labo. Moi elle me fait flipper. Tu as vu un
peu ses bras ? En plus elle anesthésie proprement la proie avant de se servir.
Si on accueille de plus en plus cette race on va être dépassé. Je ne suis pas
raciste mais ce genre de moustiques migrants nous pique notre bouffe et nos
femmes. Ça fait chier.
- J’ai aussi croisé une bande de
hooligans vers la terrasse là-bas. Des braqueurs algériens. Ils dépouillent à
tour de bras. Heureusement que je suis sorti armé. Ils font recracher les
pauvres gars et se servent. Je ne comprends pas cette mentalité. Pourquoi ne
pas se servir directement sur le bétail. Ils ont érigé la violence en
esthétique de vie. C’est déplorable.
- Putain tout part en couille. Avant on
se partageait les secteurs entre moustiques bien élevés. Maintenant c’est la
guerre, surtout avec ceux venus du désert.
- Je ne te le fais pas dire, une vraie
calamité.
- Fais gaffe … la go transgénique
arrive. Merde, elle fume ou je vois mal ?
- En plus ses yeux sont multicolores.
Mon gars, on dirait qu’on a abusé de la bouffe jamaïcaine. J’ai la tête qui
tourne.
- Tous ces athlètes ne boivent pas que
de l’eau. Moi aussi je me sens bizarre. J’ai une folle envie de taper un sprint
en chantant du Rihanna.
by ISHAQ
L'artiste
Commentaires
Enregistrer un commentaire