L'ordre vient d'en haut - 2
Le tôlier et son garde du corps
Ici le tôlier c’est le colonel aux lunettes noires. Il ne
les retire presque jamais. On l’a déjà vu les arborer en pleine nuit et même
quand il dort, affalé sur son lit de camp. Un luxe ici. Le colonel dort
invariablement dans la même posture, jambe gauche repliée, jambe droite étendue
et les bras croisés. Son béret comme appui tête et la radio près de l’oreille
droite.
Un caporal-chef veille sur lui adossé à un tas de sable,
enchainant cigarette sur cigarette. La cavité buccale rougie par une addiction
à la noix de cola, il affichait toujours des yeux injectés de sang. Tireur
d’élite, ancien combattant réputé, ce vétéran avait le calme électrique de ceux
qui ont du vécu. Il était surnommé POINT. Parlant peu, et même presque pas, il
signait ses rares phrases d’un « Point » devenu légendaire.
« Tu as ramené un prisonnier qui ne passera pas la
nuit. Tu t’es juste infligé d’avoir à creuser un trou. Va le finir derrière
là-bas et enterre-le. Point ! ». En général il n’y avait plus
grand-chose à dire après son Point final. « Pour le déploiement de ce soir
il va falloir faire avec les 300 munitions disponibles. Le convoi de
ravitaillement a été attaqué. Voilà le topo. Point ! »
La base 403
Cela se passe quelque part en Afrique. Et dans le périmètre il
n’y avait que de la dureté et de la féodalité. Tous les échanges étaient
abrasifs comme pour mieux se conditionner à affronter des périls quotidiens.
Pas de téléphone, pas de feu ou de fumée, aucune lumière la nuit. La base 403,
c’est déjà le front. L’espérance de vie n’y était pas très généreuse. On s’y
croise mais on ne s’y attarde pas.
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